Rencontre avec le maître mondial de la laque

Un lien fort entre la France et le Japon : Maitre Onishi Nagatoshi et Isabelle Emmerique

Sa venue exceptionnelle en France a suscité beaucoup d’émotions chez les artisans et les laqueurs. Le travail exceptionnel du maître Onishi Nagatoshi , son exposition à la galerie Mizen Fine Art International , sa conférence à l’école Boule démontrent une fois de plus le lien étroit entre art et artisanat. Le maître incontesté du genre va même plus loin. Il relie en effet la nature à l’art de la laque, selon la technique ancestrale japonaise.

Urushi résume parfaitement le thème de l’exposition et de la conférence donnée par le maître laqueur. Urushi designe à la fois l’arbre dont la sève est extraite pour obtenir la laque et la laque elle-même. L’art de la laque, intransigeant et complexe, a longtemps été méconnu en Occident. Datée de l’époque néolithique et née en Asie, elle est encore très présente dans plusieurs pays de ce continent comme le Japon, le Vietnam, ou la Chine. La laque a d’abord été une technique artisanale déstinée à améliorer la vie quotidienne des populations asiatiques. Elle était en effet utilisée pour coller les objets et former une pellicule protectrice pour ces derniers. La laque est traditionnellement appliquée sur le bois ou le bambou. Elle doit lentement sécher à même les matériaux. Cette technique de la laque, ccomplexe, est aussi « une école de la patience », puisque le temps de séchage est nécessairement long. Elle doit se dérouler dans un endroit à l’abri de la poussière. D’un brun soutenu, la couleur naturelle de la laque peut être toutefois modifiée par ajout de pigments colorés. Elle peut donc être décorée, une fois sèche.

La spécificité du Professor emeritus et maître mondial de la laque est la fusion totale de la matière première avec le maître. Il nous a notamment expliqué qu’il mâchait les feuilles de l’arbre, un secret de longévité qui lui donne l’air d’un quinquagénaire du haut de ses 83 ans. Le travail de Nagatoshi Onishi est précis, nourri d’une patience infinie associé à une recherche de la perfection très poussée. Ses objets sont d’abord crées selon une technique particulière. Il plonge dans un bain de laque différentes les pièces de matériaux qui vont constituer l’objet. Une telle technique permet de donner libre cours à l’imagination de Nagatoshi Onishi, elle garantit l’extrême souplesse des matériaux utilisés et donne des formes nouvelles à l’infini. Les objets laques d’Onishi ne sont pas décorés. Ils apparaissent comme de pures profils monochromes, noires, rouges ou dorées librement inspirées des formes organiques naturelles.

Il transmet son savoir faire à quelques initiés. Une de ces anciennes élèves aujourd’hui « maître » à son tour est actuellement professeur à l’atelier Olivier de Serres. Cette laqueur maître voyageuse a su crée une magnifique passerelle culturelle entre le Japon et la France. Isabelle Emmerique forme des élèves à différentes techniques de laques. Femme maître d’art elle est un magnifique exemple de la pratique de cet art en France. Elle associe d’ailleurs d’autres techniques comme l’application de la feuille d’or ou des incrustations de verre. Le lien trans générationnel entre Onishi Nagatoshi et Isabelle Emmerique une transmission culturelle de l’art vers les différentes techniques artisanales.