Une rentrée à l’Opéra Garnier !

Couverture du livre « Opéra mon Amour » Auteur Jérôme Clochard (Jérô) Photo Franck Stromme

En ce jour de rentrée, certains prennent le chemin de l’école, et d’autres celui de l’Opéra… C’est peut être l’occasion de se remémorer quelques passages de ce lieu magique ! Nous remercions Adrien Perreau pour son article : « L’Opéra de Paris, c’est une tradition et un héritage. … . C’est mon héritage et ma langue. » affirme Aurélie Dupont directrice de la danse à l’Opéra de Paris.

Tradition ancienne : après avoir excellé comme danseur et avoir donné faste et prestige au ballet de cour, Louis XIV décide de ne plus danser en 1670. Soucieux, dans le même temps, de faire du style noble un véritable art de la scène, il crée l’Académie royale de Danse par lettres patentes de mars 1661. Jean-Batiste Lully est nommé à vie à la tête de l’Académie royale de Musique, en mars 1672, et il fait appel à Pierre Beauchamp pour régler les divertissements dansés de ses tragédies lyriques : l’Opéra de Paris et son Ballet sont ainsi créés. Ce sera, d’après Hugues Gall (directeur de l’Opéra national de Paris de 1995 à 2004), la plus ancienne et la plus turbulente des maisons d’opéra au monde. Peut être le qualificatif de « turbulente » découle-t-il de la fierté légendaire et inaltérable des professionnels de la Maison ?

A Paris, il était de bon ton de s’habiller en robe de soirée et en costume ou même parfois, en smoking. On attribue à Rolf Liebermann, (compositeur, grand directeur de 1973 à 1980) le fait d’avoir déclaré accepter les « jeans baskets ». Depuis, il n’y a plus véritablement de code vestimentaire à l’Opéra national de Paris. Notons que Rolf Liebermann fut aussi le premier « étranger » depuis Lully à diriger l’Opéra de Paris ! Le concours annuel du Corps de ballet est une tradition à laquelle les danseurs restent attachés. Mais depuis 2014 plus de tintement de clochette du jury pour appeler le candidat suivant. « Ce son, c’était l’horreur. Il nous a poursuivis pendant toutes nos années à l’école du Ballet et on le retrouvait, une fois entré dans la compagnie ! » commente Amandine Albisson, étoile du ballet de l’Opéra de Paris. Une tradition pour les Petits rats de l’Opéra Garnier : chaque année au mois de décembre, les 134 garçons et filles que compte la célèbre école de danse se produisent sur scène dans un spectacle appelé « Démonstrations » afin de montrer au public et à leurs proches les progrès accomplis. Au baisser du rideau, les petits rats se précipitent vers l’artiste dont ils souhaitent le parrainage de « petite mère » ou « petit père ». Depuis plus de trois cents ans, une chaîne ininterrompue de traditions et de gestes, confiés de corps à corps, par des milliers d’interprètes, de professeurs, de chorégraphes, sauvegarde et perpétue dans cette transmission le style français.

Comment parler de ces traditions sans citer la Russie ?

Marius Petipa qui fut danseur étoile à Paris fut invité en 1847 à Saint-Pétersbourg, il y resta près de soixante ans. Marius Petipa y fonda l’école russe de ballet, d’une renommée immense. Rudolf Noureïev illustra plus tard avec éclat le legs de Petipa : « La danse est la rencontre de trois émotions et leur dépassement : émotion du corps dompté qui se libère et rejoint l’âme, émotion du geste qui se transforme en poésie, émotion de l’allure qui fait sortir l’interprète de sa corporéité pour devenir l’expression de l’idée ». Comment ne pas citer les Ballets Russes et Serge Diaghilev ? Initiateur en 1907 de cinq grands concerts historiques russes au Palais Garnier, c’est en 1909 au théâtre du Châtelet que la troupe d’artistes qu’il a constituée sous le nom de Ballets Russes se produit pour la première fois. A chaque représentation par la fusion de la danse, de la musique et du décor il créa de véritables chef-d’œuvre d’art total. « lorsque je produis un ballet, je ne perds pas de vue un seul instant aucun de ces trois facteurs » (Serge Diaghilev).

L’Opéra de Paris a disposé en plus de 300 ans successivement de 13 salles avant la quatorzième de la Bastille, en conservant ses traditions ! Adrien Perreau, Chargé du Patrimoine du Palais Garnier

Sources : l’Express, la BNF, France archives, Telerama, la Revue des Deux Mondes, Culturebox, Paris Match, Larousse, …