Le voyage en 4 couleurs continue avec Leila Macaire et Nina Barbé

Vous aviez déjà fait connaissance de l’association EVI lors de la vente aux enchères de la soirée de lancement du livre de Gwendoline Finaz de Villaine « De Poudre, de Cendre et d’Or ». 

A cette occasion Nina rentrait d’Inde où elle venait de tourner avec la réalisatrice Leila Macaire la deuxième partie du documentaire « Des Vies Dansent ». Nous avons souhaité les interroger à leur retour du Sénégal.

Voici un bref résumé du projet ?

Nina et Leila : Nous réalisons un film documentaire sur la conscience du corps à travers le regard d’enfants de quatre pays du monde. Nous avons utilisé la danse comme outil de partage, de vecteur de bien être et de sensibilisation. 

Dans ce film, nous invitons le spectateur à voyager avec nous en Inde, en France, au Sénégal et en Colombie.


Remerciements à l’équipe qui a porté le projet au Sénégal avec nous : Coline Francois Danseuse, Baptiste Mésange Ingénieur Son, Germaine Acogny et l’équipe de l’Ecole des Sables pour leur accueil, Carine Calzat, Philippe Carry, Momo, Ndeye, Rokhaya… MERCI

1/Qu’avez vous ressenti en arrivant au Sénégal?

Nina et Leila : Il y a un mot que les sénégalais utilisent souvent « Nio far » qui signifie « on est ensemble » , nous avons très vite compris le sens de cette phrase qui a rythmé notre séjour au Sénégal ! Nous avons été chaleureusement accueillis à l’Ecole des sables, lieu de vie incontournable de la danse en Afrique, crée par Germaine Acogny, près du village de Toubab Diallaw. Rapidement des personnes que nous avons rencontrés sur place ont souhaité nous aider et rejoindre le projet. Au fur et à mesure nous étions de plus en plus nombreux à construire ce film.

2/ quelles étaient les réactions des enfants lors de vos rencontres?

Nina et Leila : Nous devions faire ce projet avec 14 enfants, mais chaque jours ils étaient 50 à se présenter, ils avaient tous très envie de danser, et étaient très curieux ! On a aussi trouvé les enfants de ce village très discrets et timides à premier abord, ils montraient avec pudeur leur joie ou leur peine, c’était très touchant. Ils n’ont cessé de nous surprendre dans leur investissement ! Par exemple lorsqu’on leur a expliqué qu’ils allaient écrire des lettres pour des enfants en France, en Inde et Colombie afin de commencer une correspondance, ils étaient content mais beaucoup d’entre eux ne savaient pas écrire, nous étions certains que cela nous prendrait beaucoup de temps pendant le stage pour rédiger ces lettres. Et à notre plus grand étonnement le lendemain ils arrivèrent tous avec leur lettre déjà écrite grâce à l’aide de leurs famille !

3/ quelles ont été les difficultés rencontrées?

Nina et Leila : L’organisation ! Là-bas tout se fait au jour le jour ! Etant habitués à l’organisation française on a mis quelques jours à s’adapter et surtout à lâcher prise ! Les choses s’organisent presque d’elle même au final, elles se font, on ne comprends pas comment, un peu comme par magie !

Autre difficulté, mais pas des moindres, le sens et l’utilité de notre projet la bas. Nous sommes arrivés avec nos rêves utopiques sur l’importance de l’éducation, de la sensibilisation à l’environnement, du respect de son corps et du corps de ses camarades. Mais nous avons vite été confronté à une autre manière de vivre et de penser où les priorité étaient différentes des nôtres. Même si il y a des moyens mis en œuvre pour l’éducation celle-ci se fait au ralenti, car les réalités de ce pays sont encore dures.

Au début certaine personnes avaient du mal à comprendre notre intérêt a passer du temps avec les enfants et leur donner un stage gratuitement. C’était un vrai choc des cultures, mais très intéressant de pouvoir en parler a coeur ouvert et de partager nos différents points de vue. Nous avons beaucoup dialogué autour de cette question qui se retrouve dans toute les culture : « Aujourd’hui qu’est ce qui compte le plus dans ce monde, l’argent ou l’amour ? ». Après de longues discussions nos avis se réunissaient sur certains points notamment l’importance de la solidarité entre les peuples.


4/ quel est leur rapport à la danse ?

Nina et Leila : La danse est omniprésente dans ce village, ils dansent comme ils vivent, ils dansent avant de savoir marcher ! La danse traditionnelle s’appelle le Sabar, et la musique est indissociable. Le Sénégal a su précieusement conserver sa culture tout en s’ouvrant sur le monde. Entre enracinement et ouverture, la danse est traditionnellement l’affaire de tous au Sénégal. Elle est présente au quotidien lors de cérémonies familiales comme les mariages et les baptêmes ou ils vont danser jour et nuit. La danse est symbole de rassemblement, de joie, de fête, de vie !

5/ quelle sensibilité ont les enfants vis à vis de l’environnement?

Nina et Leila : C’est très paradoxal… ils sont très connecté à la nature, à leur terre, à l’eau, ils vivent en harmonie avec elle, le gros problème est tout le plastique importé… Ils avaient peu de notions sur ce qu’est la pollution, le plastique est souvent brulé dans les rues, car ils ne savent pas les conséquences toxiques. Il y a très peu de sensibilisation par rapport à l’environnement : les poubelles n’existent pas. Certaines choses nous ont frappées comme le fait qu’on croisait tout le temps des vaches et des chèvres mais que dans le village les habitants préfèrent boire du lait en poudre importé sous plastique. (Bon après j’imagine que le lait des chèvres ne doit pas être très nourrissant puisque leur alimentation tournent autour de plastique et de carton qui trainent dans les rues…)

Parallèlement Pendant le stage on fait une sensibilisation autour de l’écologie, à travers les éléments on leur fait danser la terre, l’eau l’air le feu, et on en profite pour parler de l’état actuel de ces éléments. Comment vont les mers en ce moments ? Quels sont les problèmes liés à la terre ? A la chaleur qui augmente ! Ils étaient très intéressés quand on leur en parlait, mais ca ne suffit pas il faudrait prendre des mesures importantes dans le pays à ce propos…

6/ comment ont réagi les enfants avec les étoles de mousseline couleur jaune?

Nina et Leila : Ils étaient très heureux de recevoir ce cadeau de la France ! En quelques minutes ils l’avaient tous autour des cheveux !

On leur a parlé de la qualité du produit fait 100% en France, bien-sûr ils n’ont pas conscience de tout les problème liés autour de l’industrie du vêtement dans le monde, alors on a pu leur expliquer certaines choses ! La bas ils ont la chance d’avoir leur habits fait directement par les femmes du village, « home made» avec du tissus wax ! Et nous en France, à quand le home made? Il y en a, mais c’est tellement rare… Prochain défi pour nous : s’habiller made in 100% France !

7/ quelle a été votre plus grande joie?

Nina et Leila : Le spectacle ! Tout au long des 3 semaines ils ont crée et appris des danses afin de préparer un petite présentation publique où tout le village était invité ! Il y avait beaucoup de monde au spectacle, et les enfants étaient tellement fière de danser devant tout ces gens ! On était très heureux de les voir comme ca, avec leur énergie incroyable !

The journey in 4 colors continues with Leila Macaire and Nina Barbé, founders of the EVI association!

A brief summary of the project?

Nina and Leila: We are making a documentary film on body awareness through the eyes of children from four countries around the world. We used dance as a sharing tool, a vector of well-being and awareness. In this film, we invite the viewer to travel with us to India, France, Senegal and Colombia.

1/How did you feel when you arrived in Senegal?

Nina and Leila: There is a word that the Senegalese often use « Nio far » which means « we are together », we quickly understood the meaning of this sentence which punctuated our stay in Senegal! We were warmly welcomed at the École des sables, an essential place for dance in Africa, created by Germaine Acogny, near the village of Toubab Diallaw. Quickly people we met on site wanted to help us and join the project. More and more of us were building this film.

2/ what were the children’s reactions during your meetings?

Nina and Leila: We had to do this project with 14 children, but every day 50 people showed up, they all wanted to dance, and were very curious! We also found the children of this village very discreet and shy at first, they modestly showed their joy or their pain, it was very touching. They never ceased to surprise us in their investment! For example when we explained to them that they were going to write letters for children in France, India and Colombia in order to start a correspondence, they were happy but many of them could not write, we were certain that it would take us a long time during the internship to write these letters. And to our amazement the next day they all arrived with their letter already written thanks to the help of their families!

3/ what were the difficulties encountered?

Nina and Leila: The organization! Everything is done there day by day! Being used to the French organization it took a few days to adapt and especially to let go! Things get organized almost by themselves in the end, they happen, we don’t understand how, a bit like magic!

Another difficulty, but not least, the meaning and usefulness of our project there. We came up with our utopian dreams about the importance of education, environmental awareness, respect for one’s body and the body of fellow students. But we were quickly confronted with another way of living and thinking where the priorities were different from ours. Even if there are means implemented for education, it is done in slow motion, because the realities of this country are still harsh.

At the beginning some people had a hard time understanding our interest in spending time with the children and giving them an internship for free. It was a real culture shock, but very interesting to be able to speak about it with open heart and to share our different points of view. We have talked a lot around this question which is found in all cultures: « Today what matters most in this world, money or love? « . After long discussions, our opinions met on certain points, in particular the importance of solidarity between peoples.

4/ what is their relationship to dance?

Nina and Leila: Dance is omnipresent in this village, they dance as they live, they dance before they can walk! Traditional dance is called Sabar, and music is inseparable. Senegal has preciously preserved its culture while opening up to the world. Between roots and openness, dance is traditionally everyone’s business in Senegal. She is present daily during family ceremonies such as weddings and baptisms where they will dance day and night. Dance is a symbol of gathering, joy, celebration, life!

5/ how sensitive are children to the environment?

Nina and Leila: It’s very paradoxical … they are very connected to nature, to their land, to water, they live in harmony with it, the big problem is all imported plastic … They had little of notions about what pollution is, plastic is often burned on the streets, because they do not know the toxic consequences. There is very little awareness about the environment: trash cans do not exist. Some things struck us like the fact that we always met cows and goats but that in the village the inhabitants prefer to drink milk powder imported in plastic. (Good after I imagine that the milk of goats should not be very nutritious since their food revolves around plastic and cardboard which drag in the streets …)

At the same time, during the internship we raise awareness around ecology, through the elements we make them dance the earth, the water looks like fire, and we take the opportunity to talk about the current state of these elements. How are the seas at the moment? What are the land issues? To the increasing heat! They were very interested when we told them about it, but that is not enough; important measures should be taken in the country on this subject …

6/ how did the children react to the yellow muslin stoles?

Nina and Leila: They were very happy to receive this gift from France! In a few minutes they all had it around their hair!We told them about the quality of the product made 100% in France, of course they are not aware of all the problems related to the clothing industry in the world, so we were able to explain some things to them! Down there they are lucky to have their clothes made directly by the women of the village, « home made » with wax fabrics! And us in France, when will home made? There are, but it’s so rare … Next challenge for us: to dress made in 100% France!

7/ what was your greatest joy?

Nina and Leila: The show ! Throughout the 3 weeks they created and learned dances in order to prepare a small public presentation where the whole village was invited! There were a lot of people at the show, and the children were so proud to dance in front of all these people! We were very happy to see them like that, with their incredible energy !

Thanks to the team that carried the project to Senegal with us: Coline Francois Danseuse, Baptiste Mésange Sound Engineer, Germaine Acogny and the team from l’Ecole des Sables for their welcome, Carine Calzat, Philippe Carry, Momo, Ndeye, Rokhaya … THANK YOU Nina Barbé & Leila Macaire