Je suis du sud, perméable à la lumière. Elle est ma complice. J'aime flirter avec les couleurs, les séduire. J'aime le cri de la mer, la volupté de la plage, le chuchotement du verre de vin au coin du jour, le velours du désir partagé, me blottir au creux d'un rêve pour en prolonger l'intimité, l'instant de pose et en capturer la douceur, les courbes du hasard qui débouchent sur l'essentiel. Ces instants de grâce reflètent une certaine forme de liberté qui m'est chère.

La femme libre veut devenir...elle-même. Pour cela, elle prend de l'espace : aux autres qui la juge mais l'indiffère, aux conventions qu'elle empiète. Une banalité ? Pourtant, même l'esprit rebelle n'est pas à l'abri de se faire happer par ce que la société lui préconise de devenir. Mon travail parle de ces trentenaires de 2016, dont je fais partie, qui nourrissent cette nouvelle obsession : se connecter à sa vraie nature pour trouver son espace identitaire, sa liberté.

Par le motif de la rayure, j'expérimente les possibilités d'installation de barreaux colorés semblant dénoncer la prison dorée des femmes modernes, a priori libres mais dont la créativité est bien souvent enserrée par les contraintes sociales ou les canons de beauté. Les ombres sont centrales dans mon travail. Elles tendent à rendre toujours plus floue la frontière entre réalité et perception : ici le jeu des deux plans superposés revalorise l'espace vide essentiel à la femme contemporaine.

Il n'y a de femmes libres, il n'y a que des femmes qui osent transgresser les tabous. Elles sortent de leurs convictions sociales pour gagner en indépendance et mener une vie selon leurs convictions. Des femmes célèbres m'on inspirées dans ma démarche artistique, tant par leur émancipation que par leur liberté de penser et d'actions. Textes et matières s'unissent dans mes oeuvres. Le travail rend la femme libre et mon art est ma liberté.

J'ai choisi de représenter dans leur univers des femmes de mon entourage dont le parcours de vie ou l'expression ne sont guidés que par cette conviction intime qu'elles protègent leur élan de liberté. Libres de peser, libres de créer, libres de leur corps et de leurs mouvements, ni les préjugés ni les contraintes sociales n'entravent leurs choix. Elles mèneront à bout leur passion et leurs volontés, réalisant leurs plus grands rêves.

Avoir le choix sans être sous influence. Je ne vis pas hors du temps et les évènements qui touchent le monde m'imprègnent mais j'ai choisi ici une vision optimiste de la femme libre. Il faut de l'espace, de la vue qui permettent de prendre du recul, de contempler et de la contemplation naît l'émotion. Il faut aussi des livres, de la musique... c'est la famille que l'on se choisit. Dans le groupe qui s'est constitué chacune a choisi de renaître à elle-même par son activité artistique.

Plusieurs regards....Hommes et femmes...tous, l'un vers l'autre, l'u, contre l'autre puis l'un sans l'autre et l'un pour l'autre, ensemble toujours, des liens en résonance... en liberté... Se découvrir en silence, s'approcher encore un peu par les couleurs, par des formes et les lignes. Un chemin sans fin où si l'on se perd pour trouver à notre insu un peu plus de cette nature... dans des tableaux comme un journal intime... comme un miroir d'entrelacs.

J'aime à imaginer que mes personnages sont toujours prêts à sortir du cadre. Mon trait libère les détails pour qu'il ne reste plus que l'essentiel... Du corps, je le rends élastique, jubilatoire et puissant, même dans les moments les plus dramatiques de son état. Ma couleur touche et trouble légèrement l'intention de l'idée en l'incarnant à peine. Mon trait dirige, organise le mouvement, la vitesse d'exécution suggère le poids, ravive l'énergie, anime les figures.

Mon regard sur la femme d'aujourd'hui ?" Je vois une femme en quête de liberté physique et intellectuelle : libre de se déplacer à travers le monde, de penser et agir comme elle veut. J'aime associer le mot liberté au mot bonheur. Nous la cherchons parfois si loin, cette liberté, alors qu'elle est à nos côtés. C'est ce sentiment que j'ai voulu traduire dans mes tableaux : des femmes d'Afrique, d'Inde, d'Amérique du Sud... qui avancent dans la vie, naturellement, libre, en confiance, heureuse.

Le coprs de la femme vêtu, orné, décoré, est un théatre qui met en scène les modes, les religions et les addictions que sont la drogue, l'alcool... Le regard, souvent, se détache de ces mises en scènes pour transmettre son émotion sincère. Il reflète l'âme qui habite ce corps. Chez les femmes que je présente pour cette exposition, j'ai recherché le contraste entre la profondeur de leurs âmes dans leurs regards émus, et la superficialité de leurs parures qui, à l'excès, deviennent leur carcans.